Le premier pas du changement passe par soi.
La première preuve de confiance que nous pouvons donner à nos équipes est la cohérence entre nos convictions et nos actions.
I – Anecdote : Le boss qui prenait son après-midi
“Je file ! Il fait beau, j’ai ma pelouse à tondre !”
Photo Pexels – Wellington Silva
Il est 16H et Francis, Directeur commercial, dans une entreprise de composants pour l’industrie automobile, quitte, tout sourire, les bureaux.
“A demain, Francis !” entend-il à la cantonade.
Avec la pluie annoncée pour le week-end, pas question de laisser son jardin sans entretien. Et puis, il sent qu’il a besoin d’appuyer sur pause, de passer à autre chose.
Il y a le client “Truc” avec qui ce n’est pas simple pour le moment, le fournisseur “Machin”, qui vient d’annoncer 10 jours de délais et cela va avoir un impact sur la production, c’est sûr.
C’est Céline qui va devoir gérer les plannings avec les gars de l’atelier. Pas simple.
Et puis, dans l’équipe, il a bien vu que Noémie n’était pas comme d’habitude. Il faut qu’il la rencontre vite pour savoir ce qui se passe.
Bref, des journées bien remplies avec de nombreux sujets d’ordres différents.
Ah, oui et il y a aussi Sébastien, qui part à 21h tous les soirs. Il a beau lui avoir déjà dit de quitter plus tôt, Sébastien lui répond :
“ Mais Francis, tu ne te rends pas compte, avec la quantité de boulot que j’ai !”
Il montre l’exemple, Francis, mais pour Sébastien ce n’est pas suffisant.
Là aussi, un échange s’impose pour savoir ce qui se passe.
II – Ce que cette scène nous apprend
Le leader incarne sa vision
Cette histoire nous montre qu’il est possible d’être dirigeant, de garder sa vie pro et sa vie perso unifiées et d’en donner l’exemple.
Et donner l’exemple est une façon de transmettre tellement sous évaluée.
Dans mon équipe, j’ai besoin de personnes qui vont bien. Et pour aller bien, je dois investir les différentes parties de ma vie : amicale, sociale, familiale, personnelle, professionnelle.
Or au boulot il y a celles et ceux qui sur-investissent la sphère professionnelle, celles et ceux qui la sous-investissent et bien sûr celles et ceux qui la mettent à une juste place.
Lorsque je me comporte comme Francis, je montre :
🔸 aux collaborateur(rice)s qui veulent que tout soit parfait et qui ne s’arrêtent jamais que même le(la) chef n’attend pas d’avoir terminé la totalité de son travail pour se consacrer aux autres dimensions de sa vie.
🔸 aux collaborateur(rice)s qui ne font pas une minute de plus qu’il y a une vraie place pour la vie en dehors de l’entreprise et que la souplesse est possible.
🔸 aux collaborateur(rice)s avec qui tout roule, facile 😀 qu’ils peuvent continuer ainsi !
Le leader est une référence
Que vous le vouliez ou non, si vous êtes un(e) manager, un(e) dirigeant(e) et que vous êtes dans une position (officielle, ici) de leadership d’un collectif : vous êtes observé(e).
Vos comportements font référence.
Dans cette histoire Francis démontre d’une façon de faire :
🔸 Il a des centres d’interêt en dehors de son travail,
🔸 Il sait y consacrer du temps,
🔸 Il ne s’en cache pas.
Il donne donc implicitement le message suivant à son équipe : le boulot n’est pas tout dans la vie, il est sain d’avoir d’autres centres d’intérêt, et vous n’avez pas besoin de vous en cacher.
Et ce n’est pas rien. Car, malheureusement il est aussi fréquent pour les leaders de vouloir bien faire mais d’envoyer des messages contradictoires d’un jour à l’autre.
Par exemple, prôner le droit à la déconnection et envoyer des mails tard le soir ou le week-end. Même si vous accompagnez cela d’un “Je ne vous demande pas de lire, c’est juste parce que j’y pense et que cela me libère la tête”.
Peut-être, mais potentiellement vous encombrez celle de quelqu’un d’autre.
Solution : un leader doit travailler sa congruence et sa capacité relationnelle
🟠 Sachez qu’être cohérent est un moteur puissant pour initier le changement
Si malgré les efforts que vous pensez faire, vous observez une conduite qui ne correspond pas à vos attentes, vérifiez que ce n’est pas le reflet de votre propre attitude.
Vous pouvez par exemple tout simplement poser la question autour de vous : “Est-ce que quelque chose, dans ma façon de faire, pourrait laisser penser que j’attends que vous restiez tard le soir ?”
Vous pourriez être surpris du résultat 😉
Parfois, un leader pense être cohérent, mais ne l’est pas. C’est une première chose.
Mais parfois, il l’est et pourtant : certains membres de son équipe de changent pas.
Parce que dans cette histoire, même si Francis s’autorise à partir à 16H, son collaborateur Sébastien peut très bien continuer de partir à 21H.
Il y a donc un deuxième axe de travail.
🟠 Sachez être celle ou celui qui accompagne et soutien le changement.
Francis va rencontrer Sébastien.
Vous vous souvenez, celui qui part à 21H parce qu’il est débordé.
Il va l’écouter, comprendre ce qui est caché derrière son besoin de partir tard. Il va mesurer avec lui les impacts de ce fonctionnement sur ses résultats, mais aussi ses relations avec les collègues, les clients.
Au bout de plusieurs échanges, Sébastien va pouvoir essayer de nouvelles façons de faire sous le regard encourageant de son manager.
Francis, va observer l’évolution des comportements de Sébastien et lui proposer de le revoir pour faire le point.
Pour que Francis puisse accompagner Sébastien comme un véritable manager, il doit :
🔸 Avoir compris que son collaborateur fonctionne différemment de lui pour ne pas lui imposer sa propre façon de faire,
🔸 Connaître ses qualités, ses motivations, ses limites pour accepter celles de l’autre,
🔸 Etre en capacité de prendre position face à son(sa) collaborateur(rice)
En définitive : la première chose que vous pouvez faire pour que vos équipes vous suivent, même sans qu’elle s’en rendent compte, c’est d’incarner ce que vous souhaitez voir bouger dans votre organisation.
Dans un deuxième temps, si cela ne suffit pas, un accompagnement est nécessaire. Mon regard extérieur permet des prises de consciences qui vous permettent de prendre votre place vis-à-vis de vos collaborateur(rice)s, de vos pairs, de votre hiérarchie.
III – A retenir pour être un(e) leader que l’on a envie de suivre :
🔸 Le changement auquel vous aspirez pour votre équipe n’est pas un dossier parmi tant d’autres mais une action à entreprendre.
🔸 Vous êtes le(la) seul(e) à pouvoir l’incarner, c’est pour cela que vous êtes le leader 😀
🔸 Il faut plusieurs années pour faire évoluer des pratiques managériales et avec un coach vous gagnez du temps, de l’argent et de l’énergie.
🌪 Cher(e)s dirigeant(e)s, leaders, managers, RH ou toute personne “en charge” d’un collectif : ce qui manque le plus à votre organisation aujourd’hui ne tient probablement qu’à vous car vous avez plus d’impact que vous ne le pensez.
