Les problèmes humains naissent d’abord de la négation systématique de la réalité humaine et de la réalité des phénomènes de groupe

Roger Mucchielli

Que l’on soit manager, dirigeant, enseignant, éducateur, formateur, coach, facilitateur… apprendre à lire ce qui se passe dans un collectif est un levier puissant pour favoriser la cohésion et améliorer le fonctionnement des groupes.

« La dynamique des groupes » – Processus d’influence et de changement dans le vie affective des groupes de Roger Mucchielli est un ouvrage à lire et à relire 💫  J’en partage ici une synthèse.

 


1- Qu’est-ce qu’un groupe primaire ?

Un groupe primaire est :

  • Limité par le nombre
  • Chacun connait tous les autres et peut engager des relations personnelles avec chacun
  • Il existe une unité psychologique solidarisant les membres par rapport à l’environnement

Une foule, une assemblée n’est pas un groupe primaire, en revanche, un petit village, un groupe d’amis, des personnes dans un camp de vacances, un groupe de formation, une classe, un comité, un groupe de discussion, sont des groupes primaires.

Les caractéristiques d’un groupe sont :

  • Des interactions verbales et non verbales
  • L’émergence de normes
  • L’existence de buts collectifs communs
  • L’existence d’émotions et de sentiments collectifs
  • L’émergence de structures informelles
  • L’existence d’un inconscient collectif
  • L’établissement d’un équilibre interne et  de relations stables avec l’environnement

 

 

Photo de Max Fischer – Pexels


2- Les phénomènes à l’oeuvre

Le groupe est un être ayant sa vie propre, ses opinions, ses réactions, ses valeurs. Intégrer un groupe a un impact sur chacun des individus via l’influence et la pression de conformité.

Phénomènes à l'oeuvre dans un groupe


3- L’organisation intérieure des groupes

3.1 Les structures informelles

📍 La structure latente

📍 La notion de rôles

📍 Les tensions internes

📍 Cohésion et dissociation

 

🔸 La structure latente est la façon dont chacun :

  • Vit le groupe et les membres du groupe
  • Vit sa « situation dans le groupe »
  • Perçoit les autres et la « distance sociale » qu’il éprouve vis-à-vis de chacun
  • Est perçu par les autres

Le réseau de communication informelle exprime la structure latente du groupe. Celui-ci doit se comprendre par rapport aux objectifs du groupe, sa progression vers ses objectifs,  ses besoins, ses attentes.

 

Un outil pour le cartographier : Le sociogramme 👨‍👩‍👧‍👧

 

🔸 La notion de rôles 

Les rôles sont des attitudes significatives par rapport au groupe. Il existent plusieurs rôles et ils ne sont pas nécessairement concordants. Il y a :

  • Le rôle que l’on a décidé de jouer à l’avance
  • Le rôle qu’on croit jouer
  • Le rôle que les autres attendaient que l’on joue
  • Le rôle qui nous incombe
  • Le rôle que l’on a effectivement joué.

Les rôles sont étroitement liés à la vie du groupe. Il peut y avoir des rôles à jouer dont personne ne veut, des rôles joués par rapport au groupe (unificateur, bouffon, saboteur..), des rôles joués par rapport à la tâche (informateur, accélérateur, frein…).

Tous ces rôles, leur développement ou leur modification font la dynamique de groupe

 

🔸 Les tensions internes 

Les tensions intra-groupe sont des états émotionnels latents qui ont un impact sur le travail et l’harmonie du groupe. Attention à ne pas confondre les oppositions d’opinions ou les conflits intellectuels, qui sont utiles au groupe, avec les tensions négatives.

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Celles-ci sont au nombre de 4 :

  • Tension par anxiété groupale, due à un sentiment d’insécurité, elle se traduit par l’inhibition, le silence lourd ou la fuite dans des activités de substitution
  • Tension par conflit latent ou ouvert, la plus fréquente est le conflit de leadership
  • Tension par opposition du groupe à son leader
  • Tension par insatisfactions ou frustration réprimées

La résolution passe par la prise de conscience des membres du groupe de ce qui provoque cette tension pour la résoudre.

 

🔸 Cohésion et dissociation

La cohésion du groupe est fondée, en grande partie, sur la qualité du lien d’appartenance.

  • La qualité de l’adhésion personnelle est liée à l’interconnaissance, la confiance dans les autres membres, l’implication personnelle dans les objectifs, l’assimilation des normes du groupe
  • La situation satisfaisante du groupe dans son environnement
  • La satisfaction des intérêts individuels à travers l’assimilation des intérêts et buts du groupe
  • L’intégration des valeurs, des normes, des attentes des différents groupes dont chacun fait partie.

 

3.2 – Les structures formelles

📍 L’autorité dans le groupe primaire

📍 La taille d’une équipe

📍 Les canaux de communication

📍 Le moral du groupe

 

On appelle structure formelle l’organisation hiérarchique et fonctionnelle du groupe, avec son caractère officiel et obligatoire. La structure à pour fonction de garantir la sécurité du groupe, d’être facteur de confiance et de coordination.

Tout groupe qui se constitue, développe une organisation formelle de sa structure, laquelle engendre une autorité (des règles, des responsabilités, des rôles, une coordination, des sanctions).

La structure formelle définit des fonctions par rapport à des objectifs et chaque individu se trouve investi d’une position sociale, d’un statut, d’un rôle, de droits, de devoirs.

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L’individu devient ainsi au centre d’un système d’attentes et d’exigences, de normes de comportements attendus. Un veilleur de nuit doit faire des rondes, un conducteur de bus doit savoir conduire un bus… Et au delà des attentes en terme d’activité, il existe également des attentes en terme de relation avec les autres.

 

🔸 L’autorité dans les groupes primaires 

Tout groupe s’organisant produit de l’autorité pour pouvoir survivre. Et cette autorité est avant tout, facilitatrice de la tâche et des relations internes.

Le leader a 5 fonctions :

  • Organiser le groupe en vue de la tâche
  • Définir ce qu’il faut faire dans les situations aléatoires
  • Faciliter la cohésion du groupe
  • Maintenir des valeurs
  • Représenter le groupe vis-à-vis de l’extérieur

 

🔸 Quelle serait la bonne taille d’une équipe ? 

Si les interactions sont à sens unique, un chef d’orchestre peut animer 300 musiciens, un régiment peut contenir 800 soldats en rang. Dès lors que les interactions sont bilatérales, nombreuses, de modalités différentes et complexes (informations, consignes, feedback, gestes, paroles, messages écrits…), alors la taille idéale d’une équipe est de 6 à 12 personnes.

 

🔸 Structure formelle et canaux de communication

 

 

 

A partir du moment où nait une structure formelle, nait la forme du réseau de communication. Et cette forme a des effets spécifiques sur le groupe.

Ce sont les travaux de Bavelas et de Leavitt (1950) qui ont permis d’identifier plusieurs formes de canaux de communication, leur impact sur la quantité d’informations échangées, la résolution de problème, l’émergence de leader et la satisfaction des membres du groupe. La forme du réseau définit, pour chaque poste, le degré d’accessibilité à l’information.

Plus nous avons une place centrale dans la circulation des informations et plus nous nous sentons indépendant, responsable et satisfait.

 

🔸 Le moral et la démoralisation des groupes 

Nous avons déjà vu des situations qui peuvent influer sur le moral d’un groupe comme les conflits latents, les rivalités de leadership, les pressions internes ou externes. Ici il s’agit d’identifier les impacts de la structure du groupe sur le moral de celui-ci.

Il peut exister des conflits de structure :

  • insuffisance de structuration par rapport aux objectifs du groupe (exemple : passage d’une entreprise de l’artisanat à l’industrie)
  • superposition d’organigrammes formels et informels (érosion de l’organigramme formel par des nécessité pratiques)
  • interférences de plusieurs structures formelles d’origines différentes (responsable d’une association qui doit valider certaines décisions auprès d’élus)
  • Rigidité de la structure (qui empêche toute adaptation à l’évolution de l’environnement)
  • Conflit entre organigramme et sociogramme (conflit avec l’autorité, entre leader formel et informel)

 

 

Les 7 facteurs du bon moral des groupes sont :

  • Bon fonctionnement des relations interpersonnelles
  • Bon fonctionnement des relations avec les autorités formelles
  • Confiance dans l’accessibilité des objectifs du groupe
  • Coopération et esprit de participation
  • Tolérabilité des contraintes et des pressions extérieures
  • Ambiance joyeuse
  • Maturité du groupe avec capacité de réflexion des membres.

 

Photo de Jopwell – Pexels

 

💫 Comprendre la façon dont fonctionne les groupes et être capable de s’appuyer sur différents outils pour identifier ce qui est à l’oeuvre derrière les comportements m’est précieux pour accompagner les équipes.