Aussi la connaissance scientifique fut longtemps et demeure encore souvent conçue comme ayant pour mission de dissiper l’apparente complexité des phénomènes afin de révéler l’ordre simple auquel ils obéissent. Mais s’il apparaît que les modes simplificateurs de connaissance mutilent plus qu’ils n’expriment les réalités ou les phénomènes dont ils rendent compte, s’il devient évident qu’ils produisent plus d’aveuglement que d’élucidation, alors surgit le problème : comment envisager la complexité de façon non-simplifiante ? … (E. Morin, 1990)

La complexité… quel sujet !

Une image pour mieux comprendre

 

Edgar Morin, utilise cette image du tapis pour illustrer la notion de complexité.

Un tapis est composé d’une multitude de fils noués ensembles. Ces fils composent un objet, le tapis, et représentent un ensemble de motifs ou une figure.

   Si on cherche à comprendre comment est constitué et fabriqué ce tapis et que l’on défait l’ensemble du    tissage (simplification), nous aurons la somme des fils . Si nous observons l’ensemble de ces fils, nous n’aurons aucune idée de ce que pouvait être ce tapis.

Saisir la figure de ce tapis n’est pas seulement quelque chose de global, ce n’est pas non plus l’étude indépendante de chacune des parties, mais c’est plutôt saisir les relations entre le tout et les parties.

 

   

Pexels – Photo de Polina Kovaleva

Pour comprendre un sujet qui nous dépasse, nous avons appris à le décomposer en entités compréhensibles. Pourtant si nous restons à ce stade de la décomposition en unités « simples » alors il nous manque la vision globale et tous les liens existants entre ces unités.

Voici quelques concepts pour élaborer sur cette notion de complexité.

1 – La systémie

complexité

Système – Nom Masculin (du latin systema, du grec sustêma, composition) : Ensemble d’éléments considérés dans leurs relations à l’intérieur d’un tout fonctionnant de manière unitaire

Le système est une unité complexe, un « tout » qui ne se réduit pas à la « somme » de ses parties.

La théorie des systèmes est un concept qui a été présenté dès 1937 par Ludwig von Bertallanfy, biologiste. Cette notion de système a ensuite essaimé, à partir des années 50, dans des directions très différentes (mathématiques, sociologie, psychologie…) jusqu’à s’étendre à tout ce que l’on peut étudier.

Pexels – Photo de Tom Fisk

2 – Le système Ouvert

Il existe des systèmes clos, stables, qui n’ont pas d’échanges avec l’extérieur (une table, une chaise) et des systèmes ouverts, instables, qui ont des échanges avec leur environnement (une flamme, les remous autour d’une pile de pont et tous les systèmes vivants).

Quel impact sur notre façon de voir le monde ?

La loi d’organisation des systèmes vivants est fait d’instabilité et non de stabilité. D’une instabilité sans cesse en mouvement, dans l’échange pour maintenir sa stabilité. Une bougie fonctionne car elle va chercher l’oxygène dont elle a besoin pour continuer à bruler dans son environnement.

Pexels – Photo de Sinan Önder

Notre compréhension du système doit donc être recherchée non seulement dans l’étude du système mais également dans l’étude des relations du système avec son environnement.

3 – Organisation et auto-organisation

La machine est organisée. Elle est composée d’éléments fiables élaborés, contrôlés, vérifiés, en fonction du rôle qu’elle doit jouer (un moteur, par exemple). Pour autant, cette machine prise dans sa globalité est moins fiable que chacun des éléments qui la compose pris isolément. En effet, il suffit qu’un élément tombe en panne, pour que la machine toute entière cesse de fonctionner.  Il est nécessaire alors qu’une action extérieure (la réparation) soit réalisée pour corriger le problème.

Dans un système vivant, chacune des parties qui le compose est très peu fiable. Les molécules se dégradent très rapidement, les cellules meurent et se renouvellent. Pour autant, l’organisme reste le même, alors que tous les « composants » auront été renouvelés. C’est ce que l’on va nommer la capacité d’auto-organisation d’un système vivant. Et dans ce système, contrairement à la machine la globalité de l’organisme est plus fiable que chacun des éléments qui le compose.

Vers la complexité…

La complexité est liée à l’extrême quantité  d’informations et d’interactions impossibles à appréhender pour un cerveau humain. Elle est également liée à l’incertitude, au flou, à l’ambiguïté. Chacune des décisions que nous avons à prendre ne peut se réfléchir en ayant toutes les cartes en main. Nous sommes limités par l’information que nous sommes capable d’analyser, l’état actuel de la connaissance en perpétuelle évolution, l’impossibilité de savoir ce que sera demain (et même la seconde suivante), la conscience que nous avons de ce que nous faisons.

S’enrichir de ces concepts peut nous permettre de faire évoluer notre regard sur le monde et les réponses que nous apportons aux situations qui se présentent à nous.

 

Sources :